L’APP vise à satisfaire à un besoin souvent exprimé par les professionnels, qui se vivent « seuls » et en contact avec un public dans une relation ponctuelle ou suivie, de prendre de la distance par rapport à certaines situations vécues difficilement, de comprendre à postériori ce qui s’est joué dans les interactions, de mettre des mots sur des situations relationnelles parfois complexes, ou difficiles émotionnellement, le besoin d’apprendre et de perfectionner une pratique, individuellement mais aussi collectivement.

L’APP correspond donc à un besoin qui est avant tout un besoin d’accompagnement de professionnels dans leurs difficultés quotidiennes, et dans la durée. Cet accompagnement par l’Analyse des Pratiques Professionnelles est pédagogique dans le sens où il permet aux participants engagés d’apprendre, mais d’apprendre avant tout à partir de leurs propres expériences vécues.

Les conséquences par rapport aux compétences et attitudes d’animation

Cela veut donc dire qu’il y a un changement de posture fondamentale dans l’animation par rapport à la formation dite classique (qui se réfère souvent à la notion de transmission et de savoirs académiques) et aussi par rapport à une lecture disciplinaire unique de la situation professionnelle imposée par un expert que serait l’animateur (lecture soit psychologique, relationnelle, systémique, psychosociale, psychanalytique, sociologique, philosophique, organisationnelle, institutionnelle…).

D’autre part, cet accompagnement s’inscrit dans le temps et induit un engagement de l’animateur dans la durée. Cet engagement est une relation forte ouverte aux transferts, aux projections, aux fantasmes des uns et des autres, commanditaires compris. Traverser cette dimension tout en se sentant dans une certaine « liberté intérieure » requiert un travail spécifique.

La mise en place d’un groupe d’APP demande aussi un travail préparatoire, qui peut passer par une rencontre avec les concernés : les commanditaires mais aussi l’équipe. Elle nécessite d’entretenir des rapports fins avec les institutions, car l’APP développe chez les professionnels accompagnés des capacités de prise de distance, de réflexion sur l’action, sur son contexte, sur les marges de manœuvre, sur les interactions, sur la pression organisationnelle. Ce travail peut aller à l’encontre de souhaits non évoqués par le commanditaire : attentes implicites d’uniformisation des pratiques du collectif, arrêt des revendications, arbitrage attendu de la part de l’animateur…). L’accompagnement permet une meilleure connaissance du travail réellement réalisé, et sa formalisation plus aisée, une clarification des difficultés, un nouveau regard sur le contexte institutionnel et organisationnel… Ces changements peuvent provoquer l’émergence de revendication de moyen envers leur hiérarchie, des demandes de changement dans l’organisation du travail, des attentes plus fortes de reconnaissance individuelle et collective.

Enfin l’APP s’appuie, pour le professionnel animateur de groupe d’APP, sur de fortes compétences, tant relationnelles que de métier de la formation, et demande de pouvoir être en dialogue avec des initiés de courants différents, de décisionnaires qui ont une culture très variée de ce type d’intervention, et des principaux intéressés qui sont pour la plupart des professionnels qui découvrent cette pratique. Pour l’animateur de groupes d’APP, savoir parler de sa propre pratique est donc un enjeu important.

L’Analyse des Pratiques Professionnelles n’est pas :

• Un dispositif pour faire passer des messages institutionnels.

• Un groupe de parole.

• Un groupe de thérapie.

L’Analyse des Pratiques Professionnelles que nous développons :

• Est différente du simple échange de pratiques.

• Permet la parole sur le travail sans être un groupe de parole.

• Requiert de la part de l’animateur d’APP des compétences relationnelles, pédagogiques, une connaissance et l’utilisation de grilles de lectures multiréférentielles.